Le soya, faussement au banc des accusés?
- Catherine Lehoux-Dubois
- 31 mars 2016
- 3 min de lecture

Le soya est un aliment ayant une popularité croissante en Amérique et en Occident. L’effet du soya sur notre corps et sur la santé en générale est un sujet d’un grand intérêt dût à un certain élément en particulier. Il s’agit des isoflavones. Le soya est le seul aliment consommé de manière régulière à en contenir une quantité significative. Certaines personnes attribuent des bénéfices et d’autres des désavantages à la consommation régulière d’isoflavones. Mais est-ce que cela est bien fondé ?
Qu’est-ce que les isoflavones ?
Pourquoi autant d’attention sur cette petite molécule ? En fait, les isoflavones sont catégorisées comme étant des phytœstrogènes, car une fois dans notre corps, elles agissent comme l’œstrogène, une hormone sexuelle féminine. Les isoflavones ont la capacité de se lier aux récepteurs d’œstrogène dans notre corps et elles peuvent ainsi induire des actions semblables à cette hormone.
Malgré des résultats nuancés, voici les bénéfices qu’on attribut aux isoflavones et au soya ;
1) Aident à diminuer les symptômes de la ménopause (diminution de 20 % des bouffées de chaleur par exemple) ;
2) préviennent la perte de masse osseuse chez les femmes post-ménopausées ;
3) diminution du risque de maladies cardiaques.
Les mythes sur le soya
Étant donné que les isoflavones sont semblables aux hormones sexuelles féminines, certains hommes s’inquiètent de l’effet de sa consommation sur le taux de leur propre hormone sexuelle ; la testostérone. Et si le soya faisait diminuer la quantité de testostérone chez les hommes? Et si cela engendrait une diminution de la masse musculaire? Une augmentation de la masse grasse?
Le schéma ci-dessous explique de manière simplifiée l’origine du mythe disant que la consommation de soya peut nuire à une perte de poids et/ou engendrer un gain de poids. Comme vous pouvez le remarquer, plusieurs de ces mécanismes sont incertains et ne sont pas basés sur des preuves scientifiques.
Schéma 1. Origine du mythe que le soya engendre un gain de poids et/ou nuit à la perte de poids

Si la consommation de produits de soya engendrait réellement une diminution de la testostérone chez l’homme, cela serait assez préoccupant. En effet, une baisse du niveau de testostérone entraîne:
Une baisse d’énergie ;
une diminution de la libido et dysfonction érectile ;
une augmentation de la masse adipeuse ;
une diminution de la force et de la masse musculaire ;
une augmentation des risques de maladies cardiaques.
Ce que les études révèlent
Heureusement, les études ne vont pas dans ce sens. Plus de 32 études ont analysé l’effet de la consommation de divers produits dérivés du soya (tofu, boisson de soya, suppléments en isoflavones, farine de soya, etc.) sur les niveaux de testostérone. On y conclue qu’il n’y a aucun effet significatif. La testostérone n’est donc pas diminuée. Quelques équipes (peu nombreuses) ont vu une faible diminution de la testostérone, mais celles-ci ont des lacunes au niveau de la conception de leurs études. Par exemple, certaines ont été faites avec seulement 12 individus et sans groupe contrôle. Cela veut dire qu’ils n’ont pas évalué la concentration de testostérone chez des individus ne prenant pas de soya. Ainsi, si la testostérone diminue chez des personnes prenant du soya, mais qu’elle diminue aussi chez des personnes n’en prenant pas. On ne peut donc pas conclure que le soya diminue la production de testostérone. Il y aurait alors un autre élément qui entre en jeu.
Des études faites sur des cellules humaines et chez des animaux ont démontré que les isoflavones diminuaient l’accumulation de cellules grasses (adipocytes). Toutefois, les résultats chez les humains sont beaucoup moins convaincants. Lorsque des études observaient une perte de poids, celle-ci était bien modeste.
Ce qu’on retient ?
En résumé, on ne doit pas compter sur les isoflavones pour nous aider dans une perte de poids. On ne doit pas non plus éviter les produits du soya par peur d’engraisser. Le soya est un aliment malheureusement blâmé pour des effets qu’il ne cause pas en réalité.
Chers hommes, vous pouvez manger du tofu ou boire des boissons de soya sans crainte de perdre votre masculinité ou votre virilité.

Catherine Lehoux Dubois, Dt. P.
Étudiante à la maîtrise en nutrition, Membre de l’équipe du club d’aviron de Terrebonne.
Références
1. Lebon, J., et al., Additive effects of isoflavones and exercise training on inflammatory cytokines and body composition in overweight and obese postmenopausal women: a randomized controlled trial. Menopause, 2014. 21(8): p. 869-75.
2. Berger, P.K., et al., Weight gain in college females is not prevented by isoflavone-rich soy protein: a randomized controlled trial. Nutr Res, 2014. 34(1): p. 66-73.
3. Hamilton-Reeves, J.M., et al., Clinical studies show no effects of soy protein or isoflavones on reproductive hormones in men: results of a meta-analysis. Fertil Steril, 2010. 94(3): p. 997-1007.
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