S'entraîner avec une dystrophie musculaire
- Benoit Labbé
- 27 juin 2016
- 3 min de lecture

Marie-Pier Cliche, une jeune femme atteinte d'une dystrophie musculaire, s'entraîne régulièrement malgré sa condition et est active au maximum de ses capacités pour vivre une mode de vie le plus sain possible. Elle nous parle un peu plus de son expérience dans ses réponses à nos questions à la suite d’une entrevue.
1. Comment est-ce que ta dystrophie musculaire te limite dans le quotidien?
Premièrement, on parle de plus de 250 maladies de Dystrophie répertoriées. Dans mon cas, je suis atteinte de la Charcot-Marie-Tooth. Une maladie génétique, neuromusculaire et dégénérative au niveau des jambes et des mains.
Pour ce qui est de mes limitations au quotidien : je ne peux pas sauter, ni courir, ni marcher sur de longue distance. J’ai beaucoup de difficulté dans les escaliers, sur des terrains accidentés, sur la glace et la neige. En gros, je n’ai pas d’équilibre, je peux tomber à tout moment si je ne me tiens pas ou si je n’ai pas ma béquille.
Outre tous ces problèmes, je peux travailler temps plein dans un bureau, je peux conduire et bien sûr aller au gym. Mes limitations je ne les vois pas comme des obstacles.
2. Qu’est-ce que l’entraînement t’apporte?
Ouf ! Tellement de choses !
Une meilleure estime de moi. J’avais honte de mon corps, j’avais honte de mes orthèses. Je ne voulais pas me montrer dans des vêtements moulants devant des inconnus. Je ne voulais pas montrer mes faiblesses ni ma béquille ni lever des poids devant des femmes, mais surtout des hommes en forme. Finalement, à la place, je reçois des félicitations et des encouragements de la part de tous et ça, j’en suis vraiment fière.
Avant de commencer l’entrainement il y a 2 ans, j’allais magasiner en chaise roulante. Aujourd’hui, je peux fièrement dire que j’y vais en marchant. J’ai un bien meilleur cardio et une meilleure endurance. Je me suis découvert des muscles inconnus (rires). Mon corps a changé, et ce, pour le mieux. Mon poids a joué au yo-yo, mais je reste fière de moi et de mon physique. J’ai encore des croûtes à manger et des kilos à perdre pour ma santé, mais je n’ai pas abandonné.

3. Quelles sont les difficultés/obstacles que tu as rencontrés/rencontre lorsque tu t’entraînes?
Évidemment, je suis limité sur le choix des appareils de cardio. Je ne peux pas courir sur le tapis, par contre je mets un certain pourcentage d'inclinaison. Sinon, je peux seulement faire du vélo à une certaine résistance. Je me débrouille quand même bien sur les appareils de musculations et les poids, le problème est que je manque de force au niveau des poignets. J’ai la capacité de soulever de lourdes charges, mais mes mains ne veulent pas. Rendu là, on trouve des techniques pour faire travailler le plus mes muscles. Pour ce qui est des exercices debout, c’est un peu plus complexe. Étant donné que je n’ai pas d’équilibre et que je ne peux pas plier les genoux, je suis très limité. Souvent, je vais m’accoter sur un mur ou m’assoir. J’aime beaucoup les exercices au sol, ça me permet de bouger tout mon corps sans avoir peur qu’il m’arrive quoi que ce soit. Au final, je mixte de tout pour faire un bel équilibre.
4. Quels sont tes conseils pour les personnes qui ont des incapacités physiques qui désirent bouger davantage?
Sincèrement, il ne faut pas avoir peur. J’ai la chance d’avoir un coach en or qui a su s’adapter à ma condition physique. Avec lui, je n’ai jamais eu peur d’essayer. Je te conseille d’avoir quelqu’un à tes côtés pour te guider et t’épauler. Je sais que ce n’est pas toujours facile crois-moi. Je sais que parfois tu vas avoir mal après une séance et je sais de quoi je parle, mais jamais je ne vais regretter le choix que j’ai fait de m’être inscrit au gym. Aujourd’hui, je suis mieux dans ma peau et j’ai la vive impression que ma maladie s’est améliorée un tout petit peu et ça, c’est énorme pour moi. Commence tranquillement et assure-toi que ton médecin te l’accorde. Il y a plein de façon de bouger, que ce soit par la danse, la natation, le vélo, ne te met pas de barrière comme je m’en suis mis au début.
5. Un mot de la fin?
Il y a 2 ans, je suis arrivée au gym les yeux pleins d’eau en leur demandant de l’aide. Aujourd’hui, j’ai envie de redonner au suivant. J’ai vraiment cru que je n’y arriverais pas. Si je me regarde dans un miroir, je suis fière de ce que je vois. Je suis fière d’être différente, c’est ce qui fait de moi une personne forte.
Crois en toi et en tes rêves.
Fonce et défonce les barrières, mais n’oublie jamais une chose, ne te fais jamais mal, tu es important !

Marie-Pier Cliche.
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